Une législature exceptionnelle
En 2018, les Genevoises et les Genevois ont élu un Grand Conseil et un Conseil d’Etat plus à gauche, avec une droite qui restait majoritaire. À cette époque, l’attention du monde politique était centrée sur la réforme de l’imposition des entreprises, dont le premier volet avait échoué face au peuple dans les urnes (RIE III). Nous nous inquiétions – essentiellement – des déficits que cette réforme nous ferait subir. C’était sans compter sur le marathon d’actualités qui allait par la suite animer le fonctionnement politique de notre canton.
Tout commence avec l’affaire Pierre Maudet, qui éclate au grand jour dès le lendemain des élections : le Conseiller d’Etat précité sera ensuite prévenu d’infraction au Code Pénal, le Grand Conseil prononcera la levée de son l’immunité (une première pour notre canton), et le Conseil d’Etat lui retirera tant sa Présidence que ses attributions. Le gouvernement cantonal sera régulièrement paralysé par les soubresauts successifs de cette affaire, qui – espérons-le – prendra fin au printemps 2021, tant devant les tribunaux que devant le peuple.
Le Grand Conseil traverse durant cette législature plusieurs dossiers majeurs : il adopte la réforme (cantonale) de l’imposition des entreprises (RFFA) – un projet que l’Assemblée Générale du PS Genevois soutient initialement, avant de changer d’avis au moment de la votation populaire. Ce projet est lié à une augmentation du subside d’assurance-maladie, une victoire majeure pour notre parti, et le fruit d’un long travail en lien avec notre initiative populaire pour que les primes ne coûtent pas plus que 10% des revenus du ménage.
La réforme du financement de la caisse de pension de l’Etat de Genève (CPEG) est un autre dossier majeur de la législature. Grâce au travail investi par le PS et les autres forces de gauche, le projet préconisé par l’Alternative et les syndicats est finalement adopté en votation populaire au début de l’été 2019. Cette période sera également marquée par deux des plus grandes manifestations connues par notre canton, la grève féministe et la marche des fiertés. Fin 2019, nous devons ensuite faire nos adieux à Christian Dandrès, élu au Conseil National, et Marion Sobanek, démissionnaire ; les membres de la section actuellement membres du Grand Conseil sont donc Amanda Gavilanes, Romain de Sainte Marie et moi-même.
Le vendredi 13 mars aura fait du Grand Conseil une nouvelle victime de la crise sanitaire qui vient à ce moment d’arriver chez nous. Pendant deux mois, l’activité parlementaire est mise entre parenthèses, les rues se vident, des votations sont annulées. Cette situation exceptionnelle amène à des réflexions exceptionnelles sur le maintien de la démocratie malgré le virus : la visioconférence, le désinfectant et le masque deviennent monnaie courante, afin que nous puissions faire notre travail. Le groupe socialiste ne chôme pas et propose des solutions, notamment le soutien aux commerces, la lutte contre le sans-abrisme et l’indemnisation des travailleuses et travailleurs précaires. Sur ce dernier point, le peuple tranchera le 7 mars prochain. Ce vote sera fondamental pour que la gestion de la crise tienne compte des conséquences sociales. Enfin, il y a deux semaines, le Grand Conseil a voté un des budgets les plus déficitaires de notre Histoire.
Il est difficile de raconter cette succession d’événements et de croire qu’ils ont tous eu lieu dans une période de deux ans et demi seulement. Et malgré la gravité de la crise que nous traversons, cette période est idéale pour l’apprentissage des élu·es. Elle nous questionne sur l’ampleur du rôle que joue ou doit jouer l’Etat, l’importance de la démocratie et la vulnérabilité de la population face aux conséquences de nos décisions. Elle force l’humilité en nous faisant comprendre la portée de nos pouvoirs.
Nous sommes à présent à la mi-temps de cette législature exceptionnelle. Les socialistes du Grand Conseil seront à l’œuvre pour que la sortie de crise arrive au plus vite, et que « l’après-Covid » soit plus solidaire et durable.
Diego Alan Esteban
1er Vice-Président du Grand Conseil
Secrétaire du PS Trois-Chêne / Arve et lac