Presque dix millions. C’est la somme votée par le Conseil municipal de Chêne-Bougeries le 15 juin 2017 pour la première étape de la rénovation de son « village », estimée en tout à environ 34 millions. Il faut dire que du fameux goulet à un vrai centre villageois, il y a du boulot.
Ce vote historique a été espéré, voulu, attendu par plusieurs générations de conseillers administratifs et conseillers municipaux de la commune, sans succès jusqu’alors. C’est dire à quel point je mesure la chance que j’ai, en tant que nouvelle élue, d’avoir pu lever la main en leur nom à toutes et tous!
Concrètement, ce premier crédit d’investissement de CHF 9’835’000.- TTC concerne les travaux de rénovation, transformation et reconstruction des bâtiments situés à hauteur des nos 21-23-25 et 27 de la rue de Chêne-Bougeries, dont le fameux café de la Fontaine, muré depuis le décès de sa gérante en 2016. En parallèle, une première tranche des travaux de rafraîchissement a été votée par le Conseil concernant l’ancienne maison de paroisse située au N° 2 du chemin De-La-Montagne, sans toucher à l’ancien théâtre pour l’instant.
Le dilemme de ce noeud stratégique situé sur l’axe entre Annemasse et le centre de Genève a toujours été de décider s’il fallait privilégier l’élargissement de la route et démolir ou préserver le patrimoine bâti bordant la rue, en renonçant à obtenir une largeur suffisante pour créer un site propre pour le tram.
Alors, démolir ou rénover? Pendant longtemps, les autorités communales ont été partisanes d’une démolition et d’une reconstruction totale (ce fut le choix de Chêne-Bourg avec son propre goulet, avec un succès mitigé pour ne pas dire catastrophique). De nombreux projets d’architectes, dont certains assez farfelus, sont passés sous les yeux des élus: Arcades à la bernoise, tour de 20 étages, densification extrême, bâtiments ultra-modernes, grande place vide… Une grande majorité en tout cas prônaient une démolition de l’ancien village. Au final, aucun n’a convaincu le conseil municipal et la commission des monuments et sites au point de trouver un consensus qui aurait permis d’aller de l’avant.
Aujourd’hui, la donne a changé. Avec l’arrivée du Léman Express et la volonté de l’État de favoriser trois autres axes traversant la commune (Florissant, Malagnou et Jean-Jacques Rigaud), il n’est plus apparu ineluctable pour Chêne-Bougeries de sacrifier son centre historique sur l’autel de la fluidité du trafic. Le processus de revalorisation a enfin pu être relancé pour que la ville retrouve un semblant de coeur et de lieu de rencontre pour les habitants.
Une fondation communale ad hoc a petit à petit (sur plusieurs décennies) racheté la plupart des bâtiments, afin de pouvoir être maître du destin de son village; tous les voyants sont donc au vert. Au coeur du nouveau projet officiellement lancé ce 15 juin se trouvent le maintien total des bâtiments existants, la création de logements pour étudiants et d’appartements, la réouverture d’une auberge communale et de commerces, la construction d’une immeuble de la CODHA sur l’arrière au chemin du Pont-de-Ville, et la création d’espaces publics arborés au centre.
Ainsi, le « goulet » ne sautera pas, mais redeviendra bien notre village.
Catherine Armand
Conseillère municipale à Chêne-Bougeries